Intelligence émotionnelle (intra-personnel)
Pour pouvoir gérer une classe, il faut apprendre à se gérer soi-même. Se connaitre, avoir confiance en soi et contrôler ses émotions sont des principes de la vie qu’on apprend tout au long de sa vie. Ce sont des parties compliquées qui demandent beaucoup de réflexion. Une enseignante doit être capable de réagir aux émotions des élèves, mais également à contrôler ses propres émotions pour ne pas agir en conséquence. Dans cet article, je vais vous présenter tout ce que j’ai mis en place pour gérer mes propres émotions et une activité que j’ai réalisée avec mes élèves pour qu’ils expriment leurs émotions.
Ma gestion des émotions
Pourquoi parler de ma gestion des émotions ici ?
Durant toute ma formation, j'ai appris à gérer mes émotions. Devant mes élèves, je ne pouvais pas leur montrer mon stress, mes inquiétudes… Ils avaient besoin de voir que je maitrisais mes sujets et mon fonctionnement pour avoir confiance en moi. Cela n'a pas toujours été facile, mais c'est dans cet article que je vais vous montrer comment j'ai surmonté cette étape !
Le début de mon histoire
Je vais commencer tout de suite en disant que je n’ai pas du tout ou très peu confiance en moi et je me mets énormément de pression. Je vis dans une famille où nous sommes très bien soutenus, très bien entourés et toujours mis en valeur, le problème ne vient absolument pas de là, car je ne remercierai jamais assez les personnes de ma famille pour toute la confiance qu’ils ont en moi. J’ai deux grands frères qui réussissent tout dans leur vie, qui ont des projets professionnels incroyables et je pense que je me compare à eux. Je me mets énormément de pression, car ils n’ont jamais rien raté donc je ne m’autorise pas à le faire non plus, alors que mes parents ne sont pas du même avis et me disent que cela les importe peu si je rate tant que je sais rebondir. Mais instinctivement, je n’y arrive pas, chaque examen, chaque stage doit être une réussite et si cela ne va pas je perds énormément de confiance en moi (aussi peu que j’en aie). Je stresse beaucoup aussi pour toutes ces raisons, toute cette pression que je me mets.
Durant ma formation
Au cours de ces 3 dernières années, mes émotions ont été mises à l’épreuve. Des hauts, des bas, cela était mon quotidien. Mais lorsque j’arrivais devant ma classe, je n’avais pas le choix que d’assurer, d’apprendre à mes élèves de la meilleure des façons. Pour chaque leçon, j’avais un petit post-it qui me permettait de ne rien oublier (un stress en moins check !). Une fois la préparation de ma leçon terminée, je « jouais » ma leçon pour m’entrainer à la donner, à donner l’intonation à certains endroits… et lorsque j’arrivais devant mes élèves j’étais plus naturelle, car je connaissais le déroulement (un autre stress en moins check !).
Durant tous mes stages, j’ai pratiqué le feedback, l’analyse réflexive avec ma maitre de stage. J’ai eu la chance d’avoir d’incroyables maitres de stage, toutes bienveillantes. Elles me donnaient de nombreux conseils pour ce qui n’avait pas été et me félicitaient pour ce qui avait fonctionné. Je suis preneuse de tout ce qu’on peut me dire, que ce soit positif ou négatif tant que cela reste bienveillant. Je me remets souvent en question pour ajuster mon comportement à la situation. Je peux dire merci à toutes ces maitres de stage, car si aujourd’hui j’ai confiance en moi devant mes élèves c’est principalement grâce à elles, à leur soutient et leurs conseilles.
Durant ma première année à la Haute École, ma situation personnelle était fort compliquée et grâce au soutien de ma maman j’ai été voir un psychologue. Cela m’a permis d’évoluer et de régler quelques-uns de mes soucis. Je tiens à dire qu’il ne faut pas avoir peur d’aller voir un spécialiste si l’on a un souci. Oser faire le pas est déjà une première démarche vers le rétablissement.
Depuis quelques années, j’ai trouvé un autre moyen pour contrôler mes émotions. J’écris, je prends un carnet avec des pages blanches et j’écris tout ce que j’ai sur le cœur. Ce qui me rend heureuse, ce qui me rend triste, ce qui me met en colère… tout ça se trouve sur ces pages blanches. Ce cahier me permet d’extérioriser pour ne pas exploser et tout bâcler sur un coup de colère. Je mets un peu de musique et je note tout ce qui a besoin de sortir. C’est un très bon moyen et je le conseille, car c’est son cahier personnel, personne n’y touche et l’on peut réellement noter tout ce qu’on ressent sincèrement. Lorsque je l’ouvre et que je retourne à mes premiers pages, je peux voir tout ce que j’ai parcouru et cela me rend fière de me dire que je suis arrivée à surmonter tous ces petits défis de la vie.
Et la suite ?
En cette fin de Bac 3, je peux dire que ma confiance en moi a évolué, mais il me faudra encore du temps pour l’affirmer. Il me faudra du temps pour continuer à gérer mes émotions, mais je suis sur la bonne voie.
Les élèves et leurs émotions
Pourquoi cette activité ?
Durant mon stage en première primaire, ma maitre de stage m’a demandé de faire un savoir-parler sur le sujet que je voulais. Le premier sujet qui m’est venu était sur les émotions. À cet âge-là, les élèves connaissent les émotions classiques : la joie, la colère, la tristesse, l’amour… mais ils ne connaissent pas encore toutes les dérives que peuvent avoir les émotions et tout ce que cela signifie. Je leur ai donc appris l’importance des émotions et de les exprimer correctement pour qu’on les comprenne bien.
Déroulement
1. Lecture du livre La couleur des émotions de Anna Llenas et discussion de l’émotion que chacun ressentait à la fin de cette histoire. Je leur ai ensuite annoncé l’objectif de la leçon qui était d’apprendre à expliquer ses émotions en suivant une bonne structure et en réalisant des gestes.

2. Découverte de la structure :
- Je parle de moi en "Je me sens". "Je" = main droite sur le torse et "me sens" = main gauche au-dessus de la main droite.
- Comment je me sens ? Les élèves avaient à leur disposition des cartes du jeu Le langage des émotions. Ils devaient les observer et en choisir une en fonction de l'émotion qu'ils ressentaient. Certaines étaient plus difficiles à comprendre donc je leur expliquais l'émotion. Une fois qu'ils avaient choisi leur émotion, ils devaient trouver comment ils allaient la mimer, la représenter avec des gestes.


- Pourquoi je me sens comme ça ? Ils devaient justifier pour que l'on comprenne leur émotion. Exemple : Je me sens triste PARCE QUE ... . Lorsque les élèves disent "parce que" ils positionnent leurs mains la paume vers le haut et les avant-bras à l'horizontale à hauteur de leur taille.
- Je leur ai montré un exemple de la structure.
- Ils ont réalisé leur recherche individuelle.
- Ceux qui le souhaitaient pouvaient partager leur émotion à toute la classe en suivant la structure et en réalisant la gestuelle.
Analyse réflexive
Cette activité a été très chouette à réaliser, j’ai vu l’évolution du vocabulaire des émotions chez les élèves. L’activité était un peu plus ludique, ce qui les a motivés et intéressés.
Ce que je modifierais à cette leçon, c’est que je discuterais plus avec les élèves au niveau de ce qu’ils connaissent déjà sur les émotions pour à la fin rediscuter sur ce qu’ils ont appris. Je mettrais un rituel le matin sur les émotions pour qu’ils travaillent plus fréquemment cette gestion et analyse des émotions.
Lorsque les élèves analysaient les cartes des émotions, certains venaient me demander la signification de certaines et ils se rendaient compte que c’était plutôt cette émotion-là qu’ils ressentaient. Quand ils devaient raconter pourquoi ils ressentaient cette émotion, certains disaient qu’ils ne savaient donc je leur demandais d’analyse leur journée pour voir s’il n’y avait pas un élément déclencheur. Ils ont donc appris ce qui les énervait, les rendait heureux, triste grâce à cette analyse.
En plus d’avoir travaillé le savoir-parler avec eux, je leur ai appris les émotions et tout ce qui va avec.
Voici le document de la leçon :